vendredi 23 novembre 2018

Soyons clairs


Soyons clairs

En vue de la campagne des élections fédérales, le coordinateur socialiste nous écrit : « Après nos récents débats au Grand Conseil, il nous paraît important de nous rappeler que nous avons plus d’objets qui nous rassemblent que de sujets qui nous divisent ».
Vraiment ? Force est de constater que dans les dossiers cruciaux que sont les budgets annuels ou la réforme de la fiscalité, les socialistes, au lieu de s’appuyer sur la soi-disant majorité progressiste au Grand Conseil, recherchent systématiquement une entente entre partis gouvernementaux au détriment des partis de gauche. Les projets du Conseil d’Etat servent de base, le PLR les durcit sur quelques points, le PS obtient en échange quelques aménagements et chacun s’en trouve satisfait. Les propositions et amendements du groupe PopVertsSol sont balayés selon une mécanique bien huilée : quelques députés socialistes sont autorisés à voter avec la gauche – il faut bien sauver la face, mais on sait compter -, le reste du groupe s’abstient courageusement et laisse au PLR le soin de s’opposer aux velléités de cette gauche irresponsable, qui s’oppose au démantèlement des prestations de l’Etat, qui se bat pour une réforme fiscale équilibrée et pour davantage de transparence dans l’octroi de cadeaux fiscaux. Pris dans l’éteau de ses engagements envers le PLR, le PS saborde systématiquement ces efforts de la véritable gauche, tout cela évidemment accompagné de circonlocutions verbales : « Nous aimerions bien, mais… ». Budget après budget, réforme fiscale après réforme fiscale, on fait perdurer ainsi une politique d’austérité au profit des entreprises et des privilégiés, au détriment du social, de la formation et de la santé. Et cette logique risque fort de se perpétuer tant que le PS et le PLR détiendront à eux seuls la majorité qualifiée au Grand Conseil.
Dès lors, avons-nous vraiment « plus d’objets qui nous rassemblent que de sujets qui nous divisent » ? Décidément non.
Alors, pourquoi, malgré ces différends majeurs, le POP accepte-t-il de s’apparenter au PS pour les élections fédérales ? Pas pour les beaux yeux du PS neuchâtelois ni par calcul électoraliste partial, mais parce que, sur le plan fédéral, la gauche unie, le Parti socialiste y compris, combat précisément cette politique néolibérale dont le Parti socialiste neuchâtelois s’accomode si bien. Bref, si le POP a des différends majeurs avec le Parti socialiste neuchâtelois, il a en effet, avec le Parti socialiste suisse « plus d’objets qui nous rassemblent que de sujets qui nous divisent ».
Daniel Ziegler

Post-scriptum : les derniers hauts-faits de la majorité gouvernementale PSN/PLR : un budget 2020 qui devra être équilibré : 20 millions supplémentaires à trouver par rapport au budget 2019 ; une réforme de la fiscalité déficitaire de 20 millions ; de nouveaux mécanismes  de maîtrise des finances : - 5 millions annuels. Résultat : au bas mot 45 milions d’économies supplémentaires programmées. Et où les prendra-t-on ?